Un van stationné face au volcan Villarica. Le moteur éteint. Le silence des Andes chiliennes envahit l’habitacle. Devant vous, 1 240 km de route mythique serpentent entre glaciers bleus et forêts d’araucarias millénaires. La Carretera Austral s’étire vers le sud, promesse d’une aventure que seuls 30 000 voyageurs osent chaque année. Ici, pas de foule. Pas de selfies devant des monuments bondés. Juste la plus longue chaîne de montagnes du monde, à vous seul.
Plongée dans la Cordillère : arrivée et premiers itinéraires
L’avion atterrit à Santiago après 13 heures de vol depuis Paris. Le coût oscille entre 600 et 900 € l’aller-retour en 2025. Depuis la capitale chilienne, un vol intérieur de 90 minutes mène à Pucón, ville nichée à 780 km au sud.
Là, la région de l’Araucanie dévoile ses volcans actifs et ses lacs turquoise. Les loueurs proposent des vans équipés entre 70 et 150 € par jour selon le confort. L’essence coûte environ 1,3 € le litre, légèrement moins qu’en Europe.
La route commence ici, à l’intersection de paysages montagneux qui rappellent les Asturies, mais en version sauvage. Les premiers kilomètres traversent des forêts d’araucarias, arbres endémiques vieux de 2 000 ans. Le van roule lentement. Chaque virage révèle un nouveau panorama.
Ce qui rend les routes andines inoubliables
La Cordillère des Andes s’est formée il y a 40 millions d’années. Cette chaîne étire ses 7 000 km du Venezuela à la Terre de Feu. Les routes chiliennes traversent 10 des 17 parcs nationaux de la Ruta de los Parques, réseau créé pour protéger cette biodiversité unique.
Paysages visuels exceptionnels
Le blanc des glaciers contraste avec le bleu électrique des lacs. Les volcans enneigés dominent des vallées ocre où paissent les guanacos. À Villa Cerro Castillo, les pics dentelés dessinent des cathédrales minérales contre le ciel patagonien.
Les forêts d’araucarias bordent la route près de Pucón. Ces conifères aux branches tordues survivent à 2 000 mètres d’altitude. En Patagonie, les glaciers descendent jusqu’aux eaux turquoise des fjords. Chaque paysage diffère du précédent sur ces 1 240 km.
Héritage historique et patrimoine
La Carretera Austral fut construite dans les années 1970 sous le régime militaire. L’objectif : relier des zones isolées où vivaient moins d’une personne par kilomètre carré. Aujourd’hui, cette route pavée sur 80 % de son tracé reste une prouesse d’ingénierie.
Le parc Torres del Paine, classé réserve de biosphère UNESCO, accueille 250 000 visiteurs annuels. Les communautés mapuches de l’Araucanie perpétuent des traditions vieilles de plusieurs siècles. Leurs textiles en laine d’alpaga ornent les marchés artisanaux de Coyhaique.
Vivre l’aventure en van sur les pistes andines
Le van s’arrête au bord du lac General Carrera. L’eau lèche les formations rocheuses de marbre bleu. Le camping sauvage reste légal dans de nombreux secteurs chiliens, permettant des bivouacs face aux étoiles australes.
Activités principales
Le trekking vers les glaciers de Queulat demande 4 heures aller-retour. La transpiration coule. Le souffle se coupe devant la cascade glaciaire de 20 mètres de haut. Les kayaks glissent sur les eaux du fjord Mitchell, entre icebergs et phoques.
L’ascension du volcan Villarica, culminant à 2 847 mètres, offre une vue circulaire sur l’Araucanie. Les routes gravel mènent à des vallées oubliées où les condors planent. Près de Caleta Tortel, les passerelles en bois serpentent entre les maisons perchées.
Gastronomie et artisanat local
Les empanadas de pino fument dans les petites parrillas de Cochrane. Le prix : 5 € pour un repas complet. L’asado argentin grésille dans les estancias près de la frontière. La viande d’agneau patagonien fond dans la bouche.
Les vins chiliens de la vallée de Colchagua accompagnent les cazuelas, ragoûts mijotés aux pommes de terre andines. Les fromages artisanaux de la région de Coyhaique rivalisent avec ceux des Alpes. Dans les marchés, les textiles mapuches aux motifs géométriques attirent l’œil. Chaque pièce raconte une histoire ancestrale.
L’émotion d’une liberté sans frontières
Le van roule seul sur la piste. Pas de panneau publicitaire. Pas de station-service tous les 10 km. Juste la route et les montagnes. Cette solitude diffère radicalement des cols alpins où les camping-cars se succèdent en file indienne.
Les communautés indigènes accueillent les voyageurs avec une hospitalité rare. Un pêcheur local partage son feu de camp près de Puerto Raúl Marín Balmaceda. Il explique comment la mer nourrit son village depuis trois générations. Ces moments authentiques ne se trouvent pas dans les guides touristiques.
La tendance vanlife explose au Chili depuis 2020. Les infrastructures s’adaptent lentement : nouveaux campings équipés, stations-services modernisées. Mais la Carretera Austral garde son caractère brut. L’isolement rappelle celui de l’île de Pâques, mais sur 1 240 km de liberté motorisée.
Vos questions sur les routes de la Cordillère des Andes en van répondues
Comment accéder et quel est le coût moyen ?
Les vols Paris-Santiago coûtent entre 600 et 900 € en 2025. La location d’un van équipé revient à 70-150 € par jour. L’essence se facture environ 1,3 € le litre. Les campings payants demandent 15 à 30 € la nuit.
La meilleure période s’étend d’octobre à avril, pendant l’été austral. Les températures oscillent entre 10 et 20 °C en journée. Pour louer un van aménagé, compter 2 à 3 semaines pour parcourir l’intégralité de la Carretera Austral.
Quelles traditions et spécialités découvrir ?
Les communautés mapuches célèbrent la Pachamama, déesse de la terre, lors de cérémonies ancestrales. Les marchés artisanaux proposent textiles en laine d’alpaga et poteries traditionnelles. Les plats locaux mêlent quinoa, pommes de terre andines et fromages fermiers.
L’hospitalité rurale se vit dans les estancias familiales. Les propriétaires partagent leur table et leurs histoires. Cette authenticité contraste avec les destinations touristiques formatées d’Europe.
Comparé aux Alpes ou fjords norvégiens ?
Les Alpes accueillent 500 000 visiteurs annuels en haute saison. La Carretera Austral n’en voit que 30 000. Les infrastructures alpines sont perfectionnées : routes goudronnées, refuges équipés. Ici, 20 % de pistes restent en gravel.
Les fjords norvégiens imposent ferries et péages coûteux. Le Chili offre routes gratuites et camping sauvage légal. Les coûts totaux sont inférieurs de 40 % aux circuits nordiques équivalents. La nature andine reste plus brute, moins domestiquée que les paysages scandinaves.
Le crépuscule teinte les pics enneigés de rose. Le van est stationné au bord d’un lac miroir. Un condor plane au-dessus des araucarias. Le silence andin enveloppe la scène. Demain, la route continuera vers le sud. Mais ce soir, le temps s’arrête. L’horizon andin s’étend à l’infini, promesse d’une liberté qui ne se trouve nulle part ailleurs.
