Un van roulant au ralenti sur une piste sinueuse. Des falaises grises plongeant dans un fjord immobile. Une maison bleue isolée face à la mer. Voilà l’Est islandais, dernier refuge authentique d’un pays submergé par le tourisme. Moins de 10 % des visiteurs s’y aventurent. Pourtant, ses 12 fjords encaissés et ses villages de pêcheurs intacts offrent une liberté rare en Europe. Accessible en automne, cette région préservée promet une vanlife immersive, loin des circuits standardisés du sud.
Plongée dans l’Est islandais : de Keflavík aux fjords oubliés
Depuis l’aéroport de Keflavík, la route 1 traverse 650 km de déserts de lave noire. Huit heures trente de conduite. Arriver à Egilsstaðir, capitale régionale de 2 300 habitants, marque le début d’un autre voyage. Ici, les 22 000 km² de l’Austurland ne comptent que 10 000 âmes permanentes.
Les fjords secondaires se révèlent au détour des routes 93 et 96. Seyðisfjörður s’atteint après 27 km de lacets vertigineux. Mjóifjörður exige une piste de 20 km. Ces accès difficiles préservent l’isolement. En automne, les brumes matinales enveloppent les vallées. Les couleurs passent du vert profond au roux. Le vent porte l’odeur de l’océan et des mousses humides.
Ce qui rend les fjords cachés et villages uniques
L’Est islandais résiste au temps. Ses fjords, creusés il y a des millions d’années, gardent une profondeur de 10 à 17 km. Les villages de pêcheurs s’accrochent aux rives. Le Ring Road en van permet de saisir cette échelle. Ici, l’isolement devient un trésor.
Paysages emblématiques et couleurs automnales
Les fjords de Borgarfjörður Eystri au nord jusqu’à Djúpivogur au sud forment un chapelet d’enclaves marines. Chaque fjord possède son caractère. Seyðisfjörður étonne par ses maisons en bois rouge, bleu, jaune et vert. Son église bleue, photographiée des milliers de fois, domine un port tranquille.
Les cascades suspendues marquent le paysage. Gufufoss tombe d’une falaise de 600 m. Hengifoss, accessible en 2 h de marche, révèle des strates rouges et noires. En septembre, les mousses se teintent de brun. Les ocres et les roux envahissent les pentes. Le ciel, souvent nuageux, diffuse une lumière dramatique. Ce contraste visuel attire les photographes cherchant des ambiances mystiques.
Héritage maritime et liens français
Fáskrúðsfjörður conserve une mémoire particulière. Au XIXe siècle, des pêcheurs français y hivernaient. Le village portait alors le nom de Búðir. Un musée local retrace cette histoire maritime partagée. Des panneaux bilingues français-islandais jalonnent encore les rues.
Seyðisfjörður abrite un patrimoine industriel lié au câble télégraphique transatlantique. Le centre Skaftfell, ouvert en 1998 dans un bâtiment de 1907, expose des œuvres d’art contemporain. Le village revendique l’un des plus forts ratios artiste-population au monde. Ce mélange de tradition maritime et de créativité moderne définit l’identité locale.
Vivre l’expérience en van : activités et saveurs locales
Voyager en van dans l’Est islandais offre une liberté totale. Les campings restent abordables. Compter 10 à 13 € par nuit et par personne. Les routes secondaires mènent à des points de vue isolés. La location d’un van aménagé coûte entre 130 et 230 € par jour. Un budget de 850 € pour 7 jours couvre essence, campings et nourriture.
Randonnées et observations naturelles
Les sentiers balisés permettent d’explorer gratuitement. Hengifoss se mérite après une montée de 2 h. Le panorama récompense l’effort. Borgarfjörður Eystri offre l’observation des macareux d’avril à août. Les colonies nichent sur les falaises abruptes.
Les cols routiers, comme le Fjarðarheiði entre Egilsstaðir et Reyðarfjörður, dévoilent des vues à 360 degrés. En automne, les lumières rasantes sculptent les reliefs. La plage de sable noir de Stokksnes, longue de 5 km, se prête aux promenades méditatives. Le vent y souffle fort. Les vagues sculptent des formes hypnotiques.
Gastronomie et artisanat authentique
La cuisine locale privilégie la mer. Soupes de poisson, morue séchée, hareng fumé. Les restaurants restent rares. Un repas coûte entre 23 et 40 €. Le skyr, yaourt islandais épais, accompagne souvent le petit-déjeuner. Le pain de seigle noir, dense et sucré, se déguste avec du beurre local.
L’artisanat se concentre à Seyðisfjörður et Egilsstaðir. Les lopapeysa, pulls en laine islandaise, protègent du froid. Leurs motifs géométriques racontent l’histoire viking. Des bijoux en lave, des céramiques artisanales, des sculptures en bois dérivent des savoir-faire transmis depuis des générations. Les villages d’artistes partagent cette même authenticité créative.
Une parenthèse enchantée, loin des clichés touristiques
Alors que 2 millions de visiteurs affluent chaque année en Islande, seulement 50 000 à 70 000 découvrent l’Est. Cette disproportion préserve une authenticité devenue rare. Le sud, avec ses geysers et ses chutes surpeuplées, contraste violemment. Ici, croiser un autre van reste un événement.
Les Lofoten norvégiens offrent des similitudes visuelles. Mais l’Est islandais conserve une sauvagerie supérieure. Moins de lumière spectaculaire, plus de brumes, des couleurs douces. Les Asturies proposent une alternative côtière semblable. Mais l’isolement islandais reste unique en Europe.
S’adapter au climat exige préparation. Températures automnales entre 3 et 10 °C. Pluies fréquentes. Équipement adapté obligatoire. Cette contrainte filtre les voyageurs. Seuls ceux prêts à accepter l’imprévisibilité météo découvrent la magie des fjords.
Vos questions sur voyager en van en Islande de l’Est répondues
Comment accéder et à quoi s’attendre en coût ?
Vols Paris-Keflavík coûtent entre 350 et 700 € aller-retour. Location d’un van revient à 130-230 € par jour. Essence à 1,60 € le litre. Campings à 10-13 € par nuit. Repas entre 12 et 40 €. Budget total pour 7 jours : environ 850 €, incluant transport, hébergement, nourriture et activités. Le même budget que le Ring Road complet permet une exploration approfondie de l’Est.
Quelles traditions et spécialités découvrir ?
Le festival LungA à Seyðisfjörður, en juillet, célèbre art et musique. Le marché de la morue à Fáskrúðsfjörður, en juin, honore l’héritage français. Respecter la nature reste primordial. Ne jamais quitter les sentiers balisés. Ne pas cueillir de fleurs sauvages. Les Islandais partagent une culture de préservation environnementale stricte.
Pourquoi l’Est plutôt que le Sud ou les Lofoten ?
Moins de 10 % des visiteurs choisissent l’Est. Le sud islandais accueille des foules. Les Lofoten reçoivent plus d’un million de touristes annuels. L’Est préserve authenticité et tranquillité. Les ambiances brumeuses remplacent les lumières spectaculaires. Les coûts restent comparables. Mais la liberté d’espace, elle, n’a pas de prix.
Sous un ciel d’ardoise, le van stationné face au fjord endormi. Le vent murmure des histoires de pêcheurs disparus. Une tasse de skyr fumant réchauffe les mains. Au loin, une première lueur verte danse. L’Est islandais tient ses promesses. Celles d’un monde préservé, accessible à qui sait ralentir.
